Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/207

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pour moi l’influence de quelqu’un. Mais, soyez tranquille, cette personne n’a jamais profité de mon amitié pour m’imposer des idées que je ne dois pas avoir. Même, si vous me l’aviez permis, j’aurais aimé lui communiquer ce livre. Cette pauvre Hersberg, j’aimerais tant la guérir…

— Il est trop tôt, fit le duc Bertie. Attendez. Plus tard.

Comme si elle devinait que l’on s’occupait d’elle, Clara considérait furtivement ce groupe singulier de la plus charmante des jeunes filles et du plus froid des hommes. Le duc, sans vider sa tasse de thé, revint à l’ennemie.

— Comprenez bien, mademoiselle Hersberg, que les unionistes ont été de faux pasteurs. Je sais que vous nous préparez une société idéale et béatifique dont quelques amateurs se pourlèchent d’avance. Mais pour une poignée d’êtres détachés de tout qui l’acceptent de confiance, il y a la majorité humaine qui aime de toutes ses forces l’ordre où elle est bercée depuis des siècles. C’est une patrie spirituelle, le cadre de vie sanctifié par les ancêtres c’est la douceur des habitudes séculaires, les souvenirs, la sécurité, c’est le passé, enfin, le passé si cher à l’homme ! On le défendra, si vous l’attaquez ! L’acte d’hier…

— Allons, duc, laissez un peu de paix à mademoiselle Hersberg, interrompit le roi qui s’était insensiblement rapproché ; nous sommes ici dans un petit cénacle intime d’où est exclue l’âpreté