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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/213

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il parlait de mort possible, de mission inéluctable, et de l’amour qui le tuait. Elle l’avait lu comme la prière obsédante d’un enfant impérieux, sans s’attacher à comprendre les allusions qu’il faisait à des événements proches. Le thermium seul la préoccupait et le désir de contenter les vœux de Wolfran. Elle expliqua distraitement à l’Altesse que depuis de longues semaines elle n’avait point revu Kosor : à peine avait-elle fini son cours à l’Hôtel des Sciences qu’elle passait à son laboratoire de l’École, où ses élèves cherchaient aussi sous sa direction. Ah ! quand le nouvel appareil pour l’électrolyse serait construit…

— Mais alors, interrompit l’archiduchesse avec une sorte d’impatience contenue, vous ne savez rien ?

— Quoi ? dit la savante.

— Voyez, dit l’Altesse en écartant un peu la mousseline des rideaux qui flottaient aux baies de la tourelle.

C’était un matin de mars pur et léger succédant aux jours boueux du dégel. L’atmosphère était si claire, les objets si nets et si précis, que par delà la place d’Armes, blanche et poudreuse, par delà le vaste vestibule en pente douce que formait l’avenue de la Reine, on apercevait le pont, la chaussée du faubourg, ses maisons, ses échoppes, ses voitures, ses tramways, ses camions, ses autos, ses bicyclettes. Et plus loin encore, là où l’œil, se brouillant, ne distinguait