Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus rien, un fourmillement noir, une vague sombre semblait avancer.

— Qu’y a-t-il ? demanda Clara distraitement.

L’archiduchesse, les pupilles dilatées, ses yeux dévorateurs fixés sur ce lointain, tenait toujours le rideau levé et ne répondit pas.

Clara filtrait un résidu. Elle ne connaissait ni impatience, ni anxiété, ni secrètes transes. Elle cherchait simplement, et toutes ses forces passaient dans son labeur. Vibrante et nerveuse, après un long silence, l’archiduchesse reprit :

— Mon amie, je suis venue dans l’intention de passer la journée près de vous.

Clara se redressa surprise.

— J’ai donné des ordres pour qu’on me serve dans votre appartement, continua Wanda ; je ne voulais pas vous quitter aujourd’hui, ma pauvre Hersberg.

— Aujourd’hui ? interrogea la savante.

L’archiduchesse souleva encore une fois le rideau, qu’elle laissa retomber en disant seulement :

— Les voilà…

Les singularités qu’elle n’avait pas remarquées jusqu’ici chez son élève frappèrent soudain Clara. Elle vit l’archiduchesse oppressée, raidie. D’instinct, à son tour, elle dégagea les carreaux.

Une cohorte pressée, tassée emplissait le pont là-bas ; nulle voiture ne roulait plus ; l’avenue de la Reine avait été désertée tout à coup ; et vers