Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/226

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— Mademoiselle, veuillez vous trouver à la nuit tombante dans la salle de musique de l’archiduchesse. Veuillez vous y rendre dans le plus grand secret.

— Qui me demande ? interrogea Clara.

— Le roi, répondit plus discrètement encore l’appareil.

« Tant mieux, pensa-t-elle avec un éclair de haine dans le regard, je vais le voir et comme je ne puis plus demeurer ici, que déjà de cœur et d’esprit je suis loin, qu’il ne peut plus y avoir rien de commun entre ce massacreur et moi, je parlerai hardiment. Ah ! plus de compromissions, je suis la sœur du peuple, la sœur des tués, et lui un homme qui pouvait d’un geste aujourd’hui répandre la paix, le bonheur, et qui n’a semé que la mort. »

Et elle chercha dans ses tiroirs la photographie du vieux docteur Kosor qu’elle n’avait pas regardée depuis fort longtemps. Ce noble visage au front haut, dont les yeux bleus souriaient d’un beau sourire triste, dont la barbe de neige accentuait l’expression majestueuse, l’impressionna plus que jamais. Il semblait lui dire : « Hé bien, tu as voulu connaître les grands, tu t’es laissé prendre à leur prestige menteur tu vois maintenant ce qu’ils sont : les ennemis du pauvre ! »

Elle conservait le carton dans le creux de sa main. Qu’elle se sentait bien à ce grand vieillard,