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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/240

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blancs flottaient au vent de la nuit apparaissait. Ils arrivaient au galop, à grand fracas, arrachant au pavé de la poussière et des étincelles ; ils allaient droit devant eux. Quand ils avaient disparu, le crépitement des fers retentissait encore au loin dans le silence.

Clara éprouvait de grands troubles d’esprit. Elle se voyait impuissante à juger l’acte royal. Ni l’approuver, ni le condamner. Pourtant, que serait-il arrivé si l’on eût lâché la bride à cette multitude surexcitée autant par l’alcool que par la passion révolutionnaire ? Sans nul doute, l’envahissement du palais, l’insurrection, la faillite du pouvoir, et ensuite ?… Étaient-ils prêts, eux, les unionistes, à improviser incontinent un État organisé ? Mais, en cheminant, elle atteignit la rue du Beffroi. La fusillade avait éclaté jusque-là ; elle aperçut à terre une flaque de sang, un peigne de femme, et des débris blancs sanguinolents. pareils aux déchets de quelque abattoir. Et son cœur, gonflé de pitié, lui fit concevoir de plus profondes incertitudes. N’avait-on pas fait bon marché de vies humaines ?…

Enfin, au bout de la rue, le palais royal dressa ses clochetons, ses ogives, ses pinacles, ses lucarnes, ses ferronneries. Cette souveraine beauté dominait les horreurs de la vie. Un apaisement se fit en la jeune femme. Wolfran était là. Elle allait savoir…