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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/243

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On était au lendemain de cette séance fameuse du parlement lithuanien, où le gouvernement, interpellé par un délégué républicain « sur les massacres de la place d’Armes », s’était défendu par l’organe du grand maréchal d’État. Le duc de Zoffern avait, en effet, répondu par un discours mémorable de politique générale où l’on avait cru entendre les échos du règne précédent. Sans ménagement, sans réticence, le vieux géant avait laissé parler son intransigeance en dénonçant le péril unioniste et les complaisances coupables. dont les intellectuels favorisaient ce mouvement. C’était un coup de tonnerre dans le ciel bleu du gouvernement libéral. Certes, il avait totalement oublié de présenter la monarchie sous cet appareil discret, réservé, moderne dont aujourd’hui doivent user les rois. Sous sa moustache farouche, ses lèvres n’avaient laissé passer que des mots de puissance et de répression. Après ce discours, la situation était celle-ci il avait de beaucoup dépassé les intentions de Wolfran V, poétiquement épris de liberté et de dignité nationales ; il avait même mal interprété les désirs politiques du duc Bertie, dont l’idée avait été d’inventer un complot unioniste qui eût permis de rechercher jusqu’aux intellectuels, inspirateurs inavoués du parti, et d’arrêter leur zèle. Le soir, au palais, un conseil secret et tumultueux avait été tenu entre les trois personnages qui dirigeaient le destin lithuanien. Wolfran, fougueux comme un jeune