Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/246

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santerie, dites-moi si cette poudre n’est pas suspecte !

— Les bombes ? cela n’existe pas, lança le duc.

— Et puis, après tout !… fit Wolfran.

Et il eut un geste d’élégante insouciance. Clara prit la parole :

— Votre Majesté peut avoir des ennemis politiques ; mais ce sont des philosophes et point des assassins.

— Laissez donc, dit Wolfran, vous verrez que j’y passerai comme les confrères…

— Il ne faut pas cultiver cette idée ; elle est déprimante, observa le duc.

— Mais non, elle est piquante, je vous assure ; elle vous crée un état d’âme singulier. D’abord cela devient une habitude et toute habitude est agréable à l’homme. On sort, il fait beau, on goûte un instant le charme de vivre et l’on dit : « Peut-être sera-ce au détour de cette rue, au coin de cette place, au bout de cette avenue. » Et l’on attend. C’est, en expectative, l’inconnu de la mort, l’éclat de la foudre, la gloire d’être anéanti au plein de sa vitalité : le coup de théâtre ne va pas sans beauté. Je ne saurais dire quelle sérénité un peu passive vous donne une telle espérance.

À la vérité, depuis l’attentat du faubourg, la menace latente semblait s’être précisée. Les imaginations en étaient obsédées, le conseil des ministres avait émis le vœu que le roi fit doubler