Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/247

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son escorte, et de nouveau l’idée de l’automobile blindée avait hanté les esprits. Mais Wolfran s’égayait de tant de précautions et de zèle. Il avait coutume de dire que la minute où, d’aventure, la vigilance s’endort, est précisément celle que choisit le destin opiniâtre, et que cette minute-là est inévitable. Et il laissait aller, sincèrement dégagé de toute inquiétude. Son seul souci était la peine où vivaient les deux tendres femmes qui l’adoraient la reine et l’archiduchesse.

— Ah ! si ma femme et ma fille n’étaient point si anxieuses, je vous assure que moi !…

Et il riait d’un beau rire de santé, de paix et de vie qui défiait la mort. Mais une lame froide avait touché Clara au cœur. L’image de l’attentat se dessinait à ses yeux avec la couleur de boucherie, de carnage, qu’elle était trop avertie pour ne point concevoir. Un jour, un garçon de laboratoire, qui travaillait sous ses ordres à l’amphi-théâtre, s’était fait, par imprudence, sauter le bras en manipulant un explosif. Elle revit l’horrible aspect des chairs déchiquetées. Elle considéra un instant Wolfran plein de force, dans l’attrait de sa jeune maturité. Les répressions qu’on préparait allaient réveiller tant de haines… Et elle ne proféra pas un mot. La blancheur de son vêtement de travail dissimula celle de son visage. Le duc Bertie, avec un évident désir de plaire, s’écria :