Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/249

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adoptif est pleine de ses lettres, des lettres de l’homme qui m’aime et de celles de nos amis.

Le duc Bertie répondit :

— Nulle perquisition ne l’offensera.

Et le roi songeait :

« Pourquoi se confesse-t-elle de la sorte… pourquoi ? »

Cependant, ce simple colloque avait bouleversé Clara au delà de toute expression. Et, dans son extrême émotion, cette fille de trente ans, l’âme harmonieuse, qui avait scruté les énigmes les plus ardues de la vie physique et de la vie sociale, qui avait donné au monde une substance nouvelle, dont le cerveau en gestation allait créer demain peut-être une branche d’industrie formidable, se sentit le désarroi d’un enfant. Elle ne pouvait plus rien céler de ce que cachait son cœur ; elle le mit à nu, en des phrases qui révélaient ses angoisses présentes :

— Vous me parlez ainsi par bonté, vous désirez voir en moi une amie. Ah ! je voudrais, je voudrais que ce fût possible. Tout m’attire ici : la noblesse morale des personnes, l’estime qu’on me montre, le charme de mon élève, la sympathie de Votre Majesté, tout, tout. Je souhaiterais n’être pas une ennemie. Mais jamais ces tendances si douces ne prévaudront contre ma foi, jamais, jamais…

Elle était toute crispée. Les deux hommes l’admiraient en silence, belle et tragique, ses