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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/258

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— Mademoiselle Hersberg, j’estime trop votre esprit et vous m’inspirez trop de confiance pour que je ne sois pas absolument sincère avec vous. Je mentirais si je professais pour les formes extérieures du respect nécessaire au pouvoir royal, un culte absurde. Je mentirais si je me prétendais partisan de l’étiquette rigoureuse. Je ne suis qu’un homme, et parfois un homme plein de misères ; je ne singe aucune divinité. Mais si l’individu est peu de chose, la fonction est grande, assez grande pour n’apparaître que dans une gloire. Croyez que mes goûts sont modestes et que j’administrerais volontiers le royaume du sein d’une de ces maisons paisibles et de petite apparence que beaucoup d’intellectuels habitent dans le vieux quartier du couvent Sainte-Marie. Mais si le roi vivait aujourd’hui de la sorte, la royauté, sachez-le bien, toucherait à ses derniers moments.

Il se sentait écouté avec cette attention docile qui engage tant un homme à parler. Il continua dans un complet abandon

— Entre nous, je puis énoncer hardiment cette vérité : moins vaut l’individu, plus la fonction doit s’envelopper de faste. Du temps où les empereurs se couvraient d’éclat à la tête des armées, ils auraient pu, à la rigueur, régner dans une de leurs métairies. Mais nous ne sommes plus guère que des hommes de bureau. Nous compterions à peine aux yeux de nos sujets si nous n’avions pas