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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/257

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rette à la bouche, une boîte d’allumettes en or ciselé entre les doigts, s’apprêtait à fumer. En apercevant la visiteuse, il rejeta sur son bureau la boîte et la cigarette et vint à elle.

— C’est bien de n’avoir pas oublié le rendez-vous, mademoiselle Hersberg, lui dit-il.

— Sire, il y a des rendez-vous trop honorables pour qu’on les oublie, reprit l’unioniste.

— Oh ! oh ! fit le roi en riant d’un bon rire, vous vous pliez tout à fait au cérémonial Ils s’égayèrent ensemble une seconde. Clara, malgré la familiarité de cet accueil, avait toujours cette oppression légère qui l’avait gênée à la première audience, alors que Wolfran était encore pour elle le monarque inconnu. Sa voix en était même un peu altérée. C’était une incompréhensible nervosité.

— Ah ! sire, dit-elle enfin, je ne suis pas venue pourtant réciter des formules ; je devine que vous les abhorrez d’ailleurs, que votre âme moderne cherche la simplicité, la vérité, que tout cet appareil suranné dont la monarchie s’embarrasse encore, vous pèse ; à peine le mot de Majesté peut-il monter jusqu’à mes lèvres, en dépit de toute l’autorité morale que je sens en vous, lorsque vous voulez bien causer avec moi.

Plein d’une indulgence extrême, Wolfran s’amusait visiblement d’entendre cette révolutionnaire s’exprimer avec tant de liberté. L’idée de s’offusquer ne lui vint pas. Mais il dit :