Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/26

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la table d’expérience. Tous deux s’inclinèrent encore pour examiner le thermium.

— La chaleur produite est-elle appréciable au toucher ? demanda le père.

Mademoiselle Hersberg dit en souriant :

— Non, monsieur, ces fragments sont trop peu importants. C’est un rayonnement que seul un thermomètre très sensible noterait, ou bien un épiderme d’une délicatesse exceptionnelle.

Et, involontairement, ses yeux allaient à la frêle jeune fille à la fois chétive et ardente, aux prunelles rêveuses, au front si singulièrement développé sous une chevelure de lin. Elle ajouta :

— Tenez, mademoiselle, ôtez votre gant.

Une main délicate et longue, un peu trop osseuse, apparut. La chimiste complaisante y laissa tomber un grain de thermium. La petite Oldsburgeoise rougit de plaisir.

— Oh ! dit-elle d’un ton passionné, il me semble que cela me brûle ; c’est toute l’énergie, toute la vie de ce corps nouveau que je sens. Ah ! penser que cette petite chose va en bouleverser tant d’autres grandes. Que votre œuvre est belle, mademoiselle !…

Énigmatique, le père fit un signe. La gomme glauque fut aussitôt déposée sur la plaque de verre ; la jeune fille et lui sortirent, en saluant très courtoisement la chimiste.

Alors Clara Hersberg se dirigea vers le laboratoire contigu ; mais son regard rencontra les