Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus capable de pacifier les États agités ; et, bien qu’elle ne l’aimât pas, la princesse mit à le prendre pour époux toute la douceur et la docilité de son âme vaillante. Elle ne fut point malheureuse.

— Eh ! qu’en sait Votre Majesté ? s’écria Clara frémissante.

— Je sais, répliqua le roi, que tout sacrifice comporte sa couronne. On peut souffrir et être heureux. La jeune reine à qui nous pensons en ce moment n’aura peut-être pas, en sa vie délicate, le bonheur qu’elle convoitait. Elle en possédera un autre, plus âpre, assis sur la félicité générale, et son âme en sera inondée.

À ce moment, le grand maréchal d’État fut introduit dans le cabinet du roi. Il était prêt pour la séance du Parlement, qui allait s’ouvrir tout à l’heure, botté jusqu’aux cuisses, ses reins puissants serrés dans le drap fin de la tunique blanche, la lourde épée de parade au côté, étincelant de décorations.

— Je suis à vous, Zoffern, lui lança amicalement le roi.

Le maréchal ne souffla mot. Dressant contre la boiserie sa taille d’hercule, le chapeau à panache au bout du bras droit, la main gauche à la garde de l’épée, orgueilleux, imposant, vénérable, il se tenait, sous ses cheveux d’argent, dans l’attitude d’un jeune soldat devant son chef

— Vous m’excusez, mademoiselle Hersberg, dit Wolfran, le maréchal me réclame…