Aller au contenu

Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

royaume une haine qu’il n’eût allumée, un trouble dont il n’eût été la source, un principe révolutionnaire qu’il n’eût lancé ; mais toute la bonté humaine régnait dans ces nobles traits. Et les yeux de cette image ne se posaient pas sur Clara qu’elle n’en sentît jusqu’aux moelles le tendre et triste reproche.

Alors, se sentant glisser irrémédiablement sur la pente royaliste, elle tenta de se reprendre, affamée de paix mentale. Elle retourna à la littérature enfiévrée de l’Union comme un anémique va aux viandes substantielles. Sa bibliothèque contenait les placets, les brochures, les satires, les pamphlets, dont le docteur Kosor avait, pendant cinquante ans, inondé la Lithuanie : elle se contraignit à tout relire.

À la même époque, le complot si fortement conçu par le duc Bertie alimentait copieusement les activités policières. Partout on perquisitionnait chez les unionistes avérés, chez les ex-grévistes qui avaient depuis longtemps repris le travail aux filatures, chez les étudiants, chez des professeurs et jusque chez des femmes du monde.

Si, dans la population marchande, calme et épaisse, de telles mesures de sûreté causaient une satisfaction un peu grossière, les intellectuels libéraux et même loyalistes concevaient parfois quelque indignation. On commençait à oublier l’émeute de mars ; on estimait que le gouvernement allait trop loin. Une centaine de personnes