Aller au contenu

Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fois favorisé soudainement, elle envisagea l’état actuel de la Lithuanie, divisée en partis politiques, éprise de nouveautés sociologiques, inquiète, troublée de désirs, incertaine de sa voie, partagée entre son attachement au passé et sa soif d’un renouvellement, enfin dans cette situation morbide qui est proprement, pour les nations, l’heure des révolutions. L’idée que, tout d’un coup, ce jeune rêveur indulgent et sentimental, dilettante et impressionnable, devenu homme d’État, aurait à fixer le sort de cette masse mouvante, à la conduire, à la refréner peut-être, l’épouvanta. La sévérité de Wolfran s’illumina pour elle. Que monseigneur Géo fit donc de jolies statues…

— L’avoir aimée dix ans…, s’obstinait-il à répéter, l’avoir attendue, appelée, chérie…

Et, s’adressant plus directement à Clara :

— Mademoiselle Hersberg, vous ne pouvez pas savoir combien nous nous aimions !

Elle sentit ses yeux se mouiller de larmes. Mais, à cette minute, ils entendirent un pas qui s’approchait, et ils se turent. Un ballon de verre plein d’eau se mit à chantonner sur le gaz : une flèche du soleil d’avril, traversant les baies de la tourelle, vint frapper des sels d’émeraude et des sels de rubis en deux flacons oubliés parmi les cornues. Six éléments de piles, rangés sur la table, répandaient leurs vapeurs âcres.

Enfin l’archiduchesse d’Oldsburg parut. Et