Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/279

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— Venez, lui disait-elle en pleurant, venez, Clara, vous avez toujours été l’amie de notre amour, vous.

Et ce frisson de tourterelle effrayée dégrisa le prince qui, repris d’accablement, retomba sur le siège bas, le front dans les mains. Et il disait :

— Non, je ne peux pas, je ne peux pas partir, je ne le veux plus ; je le voulais bien hier, car je ne savais pas que tu m’aimais tant ; mais aujourd’hui que je sais comment tu m’aimes, je reste pour toi.

Soudain, une flamme nouvelle passa sur le front de la jeune fille. Elle appela d’une voix brève :

— Clara !

Et comme la chimiste revenait près d’eux, si étrange dans ce fourreau de toile blanche souillée d’acide, Wanda lui dit impérieusement :

— Géo va rester. Nous nous aimons trop. N’est-ce pas que nous avons raison de nous donner l’un à l’autre, malgré tout ce qu’on peut me dire ? Un être, quel qu’il soit, n’est-il pas maître de lui-même ?… Y a-t-il des considérations politiques auprès d’un sentiment tel que le nôtre ? N’est-ce pas, Clara, il n’y a qu’un devoir pour moi, c’est de suivre Géo ? 0 mon amie, aidez-nous, cachez-nous, emmenez-nous, je ne veux pas être reine ! je ne veux pas être reine !

Elle retomba en sanglotant dans les bras du