Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/290

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cette intelligence. Au long de sa journée royale, qu’il entendit les rapports des secrétaires d’État et donnât les signatures, qu’il discutât avec le vieux Zoffern, ou passât une revue de troupes, ou se promenât en auto, près de la reine, sa pensée était pleine de Clara. Elle vivait en lui, sans le troubler, à la manière de ces sévères images gothiques, de ces saintes des cathédrales, à la féminité spiritualisée, qui endorment les sens en les charmant.

La complicité de Clara, l’aide qu’elle lui avait accordée pour arracher définitivement le prince de Hansen à Wanda, avait introduit plus de douceur dans leurs entretiens. Ils avaient été témoins ensemble de ce drame familial, elle y avait joué le rôle d’une amie. Géo parti, toute pudeur royale écartée, Wolfran, prenant sa fille dans ses bras, avait pleuré devant l’unioniste. Depuis ce jour-là, elle n’était plus seulement. l’adversaire intelligente qu’on aime à persuader. Toute la vie morale de Wolfran, elle l’avait pénétrée.

Comme on approchait du jour où le procès des quarante unionistes viendrait devant les magistrats, il y eut un peu d’effervescence dans le faubourg. Privée de ses principaux rédacteurs et de son chef, l’Alliance, organe de l’Union, avait cessé de paraître, mais, chaque matin, des affiches anonymes étaient placardées sur les murs, menaçant, dans un style grossier, les juges, les