Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/322

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Les mois d’été arrivèrent. Un grand calme politique régnait. L’effervescence qu’avait causée dans tous les partis la réforme du tarif douanier s’était apaisée d’elle-même. La vie commerciale avait repris son activité un instant arrêtée par les grèves. Les récoltes s’annonçaient belles. Le prix du pain diminuerait avant l’hiver. Le duc Bertie faisait alors de fréquentes absences. Nul ne connaissait le but de ses voyages. Mais c’était un personnage discret, silencieux, presque fantomatique. À peine s’apercevait-on qu’il disparaissait. Il reparaissait, et l’on n’avait point de surprise. Oldsburg devenait chaud et bruyant ; le roi se mit à désirer la villégiature du Château-Conrad.

On ne s’y rendait qu’en petit nombre, à cause de l’exiguïté charmante du palais. La reine amenait sa grande-maîtresse, madame Czerbich, et la comtesse Thaven ; le roi, deux aides de camp et le chef de sa maison civile, le comte Thaven. Les Zoffern demeuraient à Oldsburg, à cause de la dernière session du Parlement, disaient-ils ; à la vérité, parce que la vie très simple de la villégiature les offusquait trop cruellement. Madame de Bénouville accompagnait l’archiduchesse et c’était tout. Mais un jour, avec cette bonhomie qu’elle avait adoptée si exclusivement, Gemma palpa le drap dont était faite la robe noire de Clara, et dit :

— C’est bien chaud cela pour la campagne,