Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/325

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mademoiselle Hersberg : il faudra vous commander un costume plus léger pour le Château-Conrad.

Et comme la jeune femme s’étonnait :

— Certainement, nous vous emmenons. Vous êtes anémiée, le roi me le disait encore hier, et vous retirerez du profit de ce déplacement. Vous n’avez pas reçu d’invitation officielle ? Ma foi, je trouvais si naturel que vous fussiez là-bas… Wanda ne peut plus se passer de vous, et c’est le bonheur du roi que de disputer un peu avec la farouche libertaire que vous êtes.

Clara partit donc, pour le Château-Conrad et une existence d’enchantement commença. Pour la première fois, elle jouissait vraiment, avec. égoïsme, de la facilité, de la douceur, de l’ivresse de la vie. Tant d’idées amères, de durs, principes, d’images de misère avaient environné, son enfance et sa jeunesse, un cadre matériel si froid de laboratoires, de mansardes, de tavernes, de bibliothèques avaient restreint son imagination déjà étouffée de femme de science, que la vision de ce palais blanc au style poétique, édifié dans le plus beau jardin du monde, la transporta. Elle goûta l’été dans sa plénitude, au sein de la fraîcheur, sur les pelouses ombreuses, au bord du lac bleu où se miraient les mélèzes, les sapins et les peupliers argentés. Elle connut la grâce et la légèreté des matins à l’heure de l’éveil dans le parc. À midi, le miroir du lac tout en feu