Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

reflétait mille soleils. Au loin, derrière l’épaisseur des massifs et des chênes, Oldsburg apparaissait vibrante de lumière : les toits d’ardoises brûlaient, les tours, les clochers, les coupoles, blanchissaient comme une craie éblouissante et la flèche de la cathédrale pointait, oxydée et embrasée dans l’incendie de la ville. Alors, on souhaitait le voluptueux bien-être des bosquets, l’ombre humide, le velouté de la mousse et des aiguilles de sapin. Mais le soir, on cheminait avec joie sur l’or des allées sablées, bordées de géraniums ; les massifs s’allégeaient ; une brume bleue les rendait vaporeux et mélancoliques, et le château, avec ses balustres, ses colonnes, son portique grec, se dressait dans une lueur rose à une distance illusoire.

Parfois, une jeune princesse à la robe traînante. traversait les gazons de cette allure gracieuse et triste qu’on voit aux nobles demoiselles dans les tapisseries antiques : c’était une reine de demain, au front lourd de pensées, au cœur gonflé de peine. Ou bien, un homme fatigué, militaire en petite tenue, s’asseyait un livre à la main sous l’ombre de grands arbres. Il lisait ou rêvait, l’œil perdu en d’invisibles spectacles ; c’était un roi d’aujourd’hui, soucieux, volontaire et poète. Alors Clara, que l’intimité de cette résidence engageait à plus de familiarité, venait le rejoindre. Il l’invitait à s’installer près de lui, et c’étaient de longues causeries où l’on réglait