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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/330

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mait qu’à demi, agissait en secret. Elle désirait de vivre pleinement comme elle avait rêvé ; elle se rappelait l’étreinte de Géo ; elle souffrait. À gauche, l’eau du lac assoupie chatoyait sous la lune ; à droite, d’épais massifs de rhododendrons portaient des fleurs pâles en grappes abondantes, et le gazon de la berge, qu’on avait fauché le matin, exhalait une odeur agreste de foin.

À cet endroit, le sentier gravissait une petite éminence qui surplombait l’eau, il se faisait plus étroit, et les ténèbres rendaient ce passage presque périlleux. Le duc Bertie prononça de sa voix autoritaire.

— Que Votre Altesse prenne garde !

Wanda se retourna, eut un mauvais sourire, et dit :

— Et puis, après tout ?…

Ils étaient parvenus au faîte de la montée. L’eau clapotait au-dessous d’eux dans un fouillis d’herbes aquatiques, l’archiduchesse s’amusait à caresser du bout de sa pantoufle le bord du terrain sablonneux qui s’effritait. Le duc la dévisageait avec une expression singulière. Elle reprit, en exagérant encore le jeu dangereux :

— Oui, quand même la chose insignifiante que je suis disparaîtrait ce soir dans ce trou, pour jamais, où serait le mal ?

Clara fortement lui serra le bras, épouvantée par une image qu’elle croyait voir. Le duc, lui, la regardait toujours en silence. Elle était au-