Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/329

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sur son visage. Wolfran, qui était demeuré à table et fumait, se détourna longuement pour contempler le groupe étrange qui s’éloignait à petits pas.

D’abord, aucun des trois ne parla. L’archiduchesse, entre l’Irlandais et la savante, allait la tête baissée, et elle avait cette physionomie fermée des mauvais jours qui faisaient douter de sa jeunesse. Autour d’eux, le parc s’étalait sous la clarté lunaire toutes les bêtes nocturnes le remplissaient de leurs voix mélancoliques. Une seconde, la jeune fille se redressa et dit :

— Écoutez le rossignol ne chante-t-il pas ? Je voudrais aller là où chante le rossignol.

— Le rossignol ne chante plus à cette époque, dit le duc Bertie.

Wanda sourit ironiquement et conclut

— J’aurais dû m’en douter. Alors prenons le sentier de ronde autour du lac.

Ce sentier était fort étroit ; il leur fallut y cheminer un à un. L’archiduchesse allait en tête, et dans le silence, Clara, qui la suivait, l’entendait fredonner méchamment, et pour mortifier le duc, la vieille cantilène, si douce et si poignante :

      L’ami de mon cœur est parti sur la mer.
      Étoile scintillante qui le regardes,
      Pourquoi sembles-tu pleurer ce soir ?

Il était visible qu’en cette enfant nerveuse et vibrante, cette nuit mystérieuse, cette splendeur de la nature tiède et que l’heure tardive n’endor-