Aller au contenu

Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

son cerveau. Vous vous demandez sans doute s’il possède ces douces qualités du cœur nécessaires au bonheur d’une femme ? Assurément, cet homme né pour gouverner et que je laisse souvent exercer, fût-ce à l’encontre de moi-même, ses merveilleuses facultés d’imperator, ignorera toujours les puérilités de l’amour, mais non pas sa force et ses austères devoirs. Il chérira peut-être Wanda sans le lui dire, mais il la chérira toujours comme l’unique grâce ayant fleuri dans sa vie effroyablement grave.

Et, reprenant la confidence d’un soir, en confiance absolue désormais près de Clara, il poursuivit plus bas :

— J’aime monseigneur d’Oldany comme un disciple aime son maître. Il a fait de moi un roi : après moi il le sera en quelque manière ; c’est justice…

Alors, devant Clara tremblante de surprise, dans l’intimité de ce crépuscule et avec cet abandon qu’a si aisément un homme auprès d’une femme très loyale, il dévoila le secret de sa jeunesse.

C’est à vingt ans qu’il avait été séduit par les émouvantes et généreuses théories de l’Union, et le jeune prince rêveur et chimérique, l’adepte mystérieux qui, sous un nom roturier, était allé écouter le docteur Kosor dans la salle fumeuse du faubourg, c’était lui. Il avait résolu la fin de la monarchie ; il l’aurait laissée périr en lui,