Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/335

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chimiste photographiée dans son laboratoire, en fillette et à tous les âges depuis le plus tendre ; on reproduisait l’intérieur de son appartement, les lignes de sa main, les broderies de son linge intime et jusqu’à son lit nuptial. Et pendant que tout un monde peinait, s’enthousiasmait, s’agitait, produisait pour elle, la triste jeune fille, que de cruelles émotions avaient ramenée à sa chaise longue, dans sa chambre au Château-Conrad, fixait les yeux sur le calendrier et comptait les jours, résignée.

Quand venait l’heure du soir où le roi rencontrait volontiers Clara sur le banc que quatre mélèzes ombrageaient au fond du parc, il lui demandait :

— Eh bien, avez-vous passé la journée près d’elle, comment la trouvez-vous ?

Et elle voyait tant de chagrin dans cette âme de père, tendre et sensitive, qu’elle répondait toujours :

— Je la trouve en paix. Il n’y a pas de femme qui aille à sa destinée si sereinement.

Wolfran ajouta un jour :

— Après tout, je ne la donne pas à un monstre. Je tiens à vous le dire pour que vous ne me jugiez pas mal, mademoiselle Hersberg ; monseigneur d’Oldany est l’homme que j’estime le plus au monde. Sa prodigieuse intelligence fait de lui le premier cerveau pensant de l’époque et sa conscience est organisée aussi puissamment que