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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/37

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Déjà Johannès Karl, abattu les coudes contre la table et le visage sur son papier, crayonnait des chiffres. C’étaient des évaluations par semaine, par jour, par tête, de ce qui serait nécessaire pour soutenir les grévistes. Kosor dit :

— Toujours la plaie sociale de l’argent, cause fatale d’inégalité ! Quand nous l’aurons aboli, le règne du travail facile et nourricier commencera, et si nous n’y parvenons point par des combinaisons économiques, je sais, moi, qui ruinera le système monétaire social, c’est Ismaël Kosor dont les travaux marchent.

Lui aussi était chimiste et inventeur, mais contempteur de la scolastique, empirique, divinateur, mêlant des rêves aux formules, substituant son désir aux équations. Un jour, en faisant passer un courant électrique dans un sel de soude, il avait formé un résidu qui, lavé, étincela en minuscules paillettes, comme de l’or. Et il avait clamé sa découverte comme une contribution magistrale à la théorie de l’unité de la matière. Introduit par Clara, il avait obtenu un laboratoire à sa commodité à l’académie d’Oldsburg ; seulement les savants ne le prenaient pas au sérieux, et comme, au bout de plusieurs semaines, en dépit de tous les courants électriques, son chlorure de sodium demeurait toujours du gros sel, on lui signifia que son bail à l’Hôtel des Sciences avait pris fin. Alors il con-