Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/38

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tinua ses expériences en chambre, misérablement, mais inlassable, soutenu par sa chimère.

— Mes travaux marchent, continuait-il, de sa voix sourde et métallique, mettant mille fois au-dessus de l’obscur thermium de Clara cet or naissant créé un jour par lui, et jamais revu depuis ; trois piles fonctionnent actuellement chez moi, l’expérience doit aboutir demain, et, cette fois, je suis sûr du résultat. D’ailleurs, la semaine prochaine, j’irai à Hansen, où l’École municipale de Chimie met un laboratoire à ma disposition ; j’opérerai sur une plus grande échelle, et l’on pourra apprécier en grammes l’or produit. Comprenez-vous, comprenez-vous la formidable perturbation : l’or apparaissant chaque fois que l’on reproduira l’expérience selon que je l’aurai formulée, l’or créé en masse, abondant, roulant sur le marché et submergeant de lui-même, sans aucune révolution, les misérables petites pièces auxquelles on attribue actuellement la représentation de la fortune publique et qui perdraient, du fait de cette surproduction, jusqu’à leur valeur intrinsèque ?

— Oui, dit Clara éblouie, cette ruine de l’or par l’or, quelle intervention bienfaisante dans l’enfantement de la société future : elle s’édifierait alors d’elle-même sans secousses. Avec le salariat auraient péri l’extrême richesse et l’extrême misère.

Elle avait la crédulité des gens de science que