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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/375

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je joue le rôle qu’il attend de moi… Que voulez-vous ? Kosor sera mis hors d’état de nuire. J’aurais désiré qu’il ne fût plus inquiété, mais vous avouerez que lui-même ne l’a pas permis.

— Kosor ? essaya de dire Clara toute crispée, il est en exil…

— Non, mademoiselle Hersberg, reprit le prince, il n’est pas en exil, il est à Oldsburg depuis cinq mois déjà ; il a vécu d’abord chez un de vos amis, professeur du collège, et il se cache maintenant rue des Teinturiers, près du port. Pensiez-vous que je ne fusse point renseigné sur son mode de vie, sur ses faits et gestes ? Il ne vous écrivait plus, vous n’alliez plus le voir. Lui semblait se terrer, se faire inoffensif ; j’ai voulu qu’il fût laissé en paix, car je ne pouvais oublier qu’il était votre ami, et c’était pour lui une singulière protection. Néanmoins, je conçois trop, à votre trouble, la… gravité de ses desseins, pour ne pas me défendre contre cet ennemi. Vivre ou mourir, vous savez si je m’en soucie ! Mais il y a désormais entre cet homme et moi un duel qui, bien que j’en aie, me prend, m’intéresse, me passionne. Je veux le vaincre, à la fin !

Maintenant, c’était le matin. Dans l’atelier, l’Altesse, parée comme une magnifique poupée de montrance, se tenait debout au milieu d’un bataillon de caméristes. On avait dressé sur la frêle armature de ce corps la robe alourdie de fils.