Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/376

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d’argent. Il s’agissait de poser le voile. Deux femmes saisirent ce nuage de dentelle, présent des jeunes filles du Nord, et l’on priait Wanda de s’incliner quand elle sourit faiblement à ses habilleuses en leur disant :

— Je suis un peu fatiguée.

Madame de Bénouville accourut, écarta tout le monde, prit la main de sa chérie pour la conduire au petit salon voisin. Et quand la fragile poupée se mit en marche, l’ampleur du costume se développa, la traîne s’épandit en un flot chatoyant d’étoffe argentée, et la blonde princesse au front de mystère apparut pour la première fois avec le prestige de son aspect royal, qui fit vibrer la vieille gouvernante.

— Ô mon enfant ! soupira-t-elle.

Plus volontiers, elle se serait mise à genoux et aurait dit : « Ô ma reine ! » Mais Wanda, qui s’amusait de ses enthousiasmes :

— Je suis plus vieille que vous, chère amie Bénouville ; voyez si je suis calme.

— C’est que vous serez heureuse, mon enfant.

— Je le crois, dit Wanda sereinement.

Et, au bout d’un instant :

— Mais, où est Clara ? Je l’attends depuis ce matin. Pourquoi n’est-elle pas venue ?

La bonne Bénouville soupira, leva les yeux au ciel et ne répondit pas.

— Elle aura craint d’être indiscrète ; il faudrait la faire demander.