Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/381

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Gemma pour le déjeuner. Il la laissait moins seule depuis que l’archiduchesse et Bertie voyageant en Europe avaient quitté Oldsburg. Mais le colonel Rodolphe vint à lui, dit un mot qui le fit sursauter.

— Mais oui, mais oui, qu’elle entre, s’écria-t-il vivement.

Et l’on introduisit Clara Hersberg.

Elle avait beaucoup changé. Ses yeux s’étaient creusés et les pommettes avaient sailli comme après une maladie très longue. Et surtout elle n’avait plus cette belle fierté qui, dès le premier jour, naguère l’avait fait pénétrer dans la famille royale avec l’assurance d’une souveraine. Aujourd’hui, elle s’avançait timidement, comme un pauvre reçu par un riche, comme ces solliciteuses qui, à force de protections, parvenaient à se faire admettre chez Sa Majesté. Wolfran fut frappé de cette attitude, et son cœur s’emplit de pitié. Il vint à Clara.

— Ah ? lui dit-il, comme vous nous avez quittés !

Elle fit un geste qui signifiait que son départ était nécessaire, qu’il l’avait fallu, et que Wolfran le savait bien. Mais il insista :

— Nous en avons eu beaucoup de chagrin, mademoiselle Hersberg.

— Je demande pardon à Votre Majesté, mais moi non plus je ne suis pas partie sans regrets.

Et aussitôt, pour bien marquer que l’intimité