Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/382

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d’autrefois ne se pouvait plus retrouver, et qu’elle venait ici pour une simple démarche, très brève :

— Je vais demander une grâce à Votre Majesté.

— Étant donné ce que je vous dois, lui dit-il, visiblement impressionné, et ce que nous vous devons tous, vous n’avez pas à demander des grâces, mademoiselle Hersberg. Vous êtes une amie, une amie profondément honorée et très chère, qui n’a qu’à exprimer ses désirs, et je serais trop heureux de les combler.

Elle reprit avec gêne :

— C’est pour Ismaël Kosor.

— Ah ! s’écria le roi, dont la physionomie changea brusquement, pour lui ?

Il se reprit aussitôt :

— Vous savez que je tiens à ce que vos vœux soient réalisés, quels qu’ils soient. Mais vous ne m’en voudrez pas si j’ai hésité quand j’ai su qu’il s’agissait de ce malheureux qui profite si mal des faveurs que vous lui obtenez. Comment, nous nous entourons de toutes les précautions pour qu’il soit jugé exclusivement sur les faits relatifs à la manifestation du mois de mars, et le voilà, en pleine audience, clamant sa préméditation de régicide, réclamant sa culpabilité tout entière, s’acharnant à mériter cette affreuse peine de la détention perpétuelle, en revendiquant cyniquement la production aux débats de l’arme qu’il avait choisie à mon intention.