Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/58

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frir davantage. Elle avait déjà promis toute son épargne ; elle aurait voulu donner, donner…

Et ce fut alors que dans sa vie d’une rectitude si absolue survint un événement singulier, ce qu’elle aurait appelé un phénomène de la destinée le fait le plus inattendu, le plus dissemblable de ceux dont avait été tissée son existence.

C’était un matin de novembre ; quatre grandes baies vitrées laissaient pénétrer un jour blanc dans le laboratoire où quinze à vingt expériences se poursuivaient à la fois, conduites par autant de jeunes hommes. Les tables d’expériences couraient au long des fenêtres, et les élèves y manipulaient en silence, quand un garçon de service entra, s’approcha de mademoiselle Hersberg et lui remit la carte d’un personnage qui désirait la voir. Clara versait un acide, goutte à goutte, dans une éprouvette délicate ; d’un regard, elle lut la carte déposée sur la table.

COMTE W. THAVEN
chef de la maison civile de sa majesté

Élevée dans le dédain de la royauté et le mépris de la Cour, elle ne se troubla pas pour la visite d’un tel dignitaire. Aussi ce fut avec la plus grande tranquillité qu’elle répondit, sans s’interrompre :

— Priez d’attendre dans mon cabinet.