Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/86

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secousses ; un plan nouveau fulgurait déjà en traits de feu dans son cerveau. Mais tout ce qu’il concevait de tragique, il voulait l’épargner à Clara. Il entendait qu’elle fût à l’abri. D’ailleurs c’était placer à point et en haut lieu une patronne puissante pour l’Union. Il le lui dit :

— Tu protégeras les frères, Clara. Qui sait, tu seras peut-être celle qui aura le plus contribué à l’œuvre.

Indécise, plus troublée encore qu’après la visite du vieux courtisan, mademoiselle Hersberg considérait toujours les magnificences du logis royal. Et, soudain, le palais hallucinant qui la prenait par une force étrange lui apparut comme un refuge de paix et de travail. « Vous y auriez, avait déclaré le comte Thaven, un laboratoire à votre commodité, aménagé d’après vos ordres. » Une sorte de faiblesse lui venait qui sollicitait un asile. Elle se voyait à l’abri d’Ismaël, pour un temps…

— Ah ! je ne sais que faire, dit-elle à la fin. Puis-je oublier que ce gouvernement a persécuté jusqu’à la mort notre pauvre grand maître, puis-je oublier cette mort tragique ?

— Il s’agit bien d’oublier ! s’écria le meneur impérieux, non, non, souviens-toi toujours, au contraire, et ne va point pour pactiser, mais pour vaincre.