Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/85

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félicité ou le malheur d’une nation. Pas un bruit ne s’entendait. Pas une ombre n’apparaissait. On eût dit le château enchanté des légendes. Cependant treize cents personnes le peuplaient et un homme unique était leur raison d’être. Cet homme était en dernière analyse la personnification du pays. Tous les fils de l’activité nationale, il les tenait dans sa main. Le mystère du roi se mêlait à celui de cet édifice de rêve. Clara s’était arrêtée sur la place, et ses yeux fixés à la glorieuse façade ne s’en détachaient pas.

— C’est vrai, dit-elle enfin, un seul être pourrait, sans qu’il fût besoin de convulsions sociales, ni de terreurs révolutionnaires, établir le fonctionnement de la collectivité fraternelle. C’est lui, car il est l’État. Les transformations économiques réclamées par l’équité s’accommoderaient de n’importe quelle forme gouvernementale. Pourquoi celui qui possède déjà l’outil du pouvoir ne serait-il pas l’architecte de la cité future ?

Kosor n’y croyait pas. Il méprisait Wolfran, et ce n’était pas transformer savamment l’État qu’il souhaitait, mais le jeter par terre pour y substituer la souveraineté démocratique. Cependant tel était son secret désir de voir en sûreté la femme qu’il aimait qu’il parut donner dans cette utopie. L’effervescence des grands meneurs l’enfiévrait de nouveau. Puisqu’il fallait renoncer à métamorphoser la société par la destruction du système monétaire, on recourrait aux brutales