Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/89

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l’aile du bâtiment qu’habitaient les grands officiers du palais.

— C’est là, répliqua le cocher.

Le marteau ciselé retomba sur l’ais de chêne sculpté : elle entra froide, raidie, un masque de dureté, de dédain, sur son beau visage altéré. La porte franchie, elle se trouva sous un porche de pierre dont les murailles dégradées par l’humidité retenaient encore de larges pans de fresques antiques. Les nuances avaient disparu, seules les couleurs crues demeuraient : pourpre des manteaux, indigo des robes de reine, or des couronnes. Et la fille adoptive du vieux Kosor se sentit toisée par ces hautaines figures mi-effacées qui la traitaient en intruse.

Un laquais se présenta. Elle demanda le comte Thaven. Alors ce fut, derrière l’homme à culotte courte qui la précédait, une course à travers le décor grandiose dont la magie la stupéfiait. D’abord deux escaliers de marbre blanc à la rampe de fer forgé dont les volutes emprisonnaient l’emblème de la royauté lithuanienne : le cygne héraldique au long col replié. On arrivait ainsi au second étage, celui de ces mansardes princières, cintrées comme des nefs de basiliques, et qu’embellissaient encore les lucarnes, ces petits ædicules ouvragés comme des reliquaires, posés sur la pente du toit d’ardoise, qu’ils hérissaient magnifiquement d’un jeu d’ogives entrecroisées et flamboyantes.