Page:Yver - Le Mystere des beatitudes.djvu/27

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de la cohue montait une vapeur lumineuse qui éclairait le faîte des maisons et les frontons bleus de l’Opéra. Toute l’opulence de Paris semblait rouler ici : trafic, finance, aristocratie. On sentait la richesse profonde, solide, indestructible, de la grande ville, affichée dans ce mouvement vertigineux des véhicules de haut prix, dans ce tourbillon de fête gigantesque. Soit que ce tumulte les eût comme assoupis, soit que les paroles du jeune homme leur eussent donné à réfléchir, les Gérard, les Nassal et même Jean Solème se taisaient. Le banquier appela Constant qui passait, mais le garçon expliqua que Muzard avait tout réglé personne n’avait rien vu. Sans doute avait-il payé sournoisement, tout à l’heure, pendant qu’on l’écoutait. D’ailleurs, c’était toujours ainsi. Alors, ayant un moment laissé lui aussi ses yeux errer sur la charge des passants qui se précipitaient d’un trottoir à l’autre, il recommença :

— À cette heure, dans Paris, il y a un saint…

— Comment ? interrogea le gros Nassal qui, d’oreille un peu dure, n’avait pas entendu.

Sa femme répéta pour lui :

— M. Muzard dit qu’en ce moment, il y a un saint à Paris.

— Ah ! et où le voit-on ?

Il demandait cela ingénument, comme s’il se fût agi d’une attraction de cirque ou de music-hall.

Discrètement, Cyprien Loche regarda l’heure,