Page:Yver - Le Mystere des beatitudes.djvu/30

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voudrais pas que j’aille te voir un dimanche matin ?

— Dis donc, Ninette, répliqua le jeune homme de son ton cinglant, ne t’ai-je pas déjà signifié que je ne voulais pas de femmes chez moi ?

— Penses-tu que j’irai pour te faire la cour, mon vieux ! Tu sais bien que je suis sérieuse, voyons. D’abord, il s’agit de ma famille. Je te conterais bien mon affaire ici, mais, d’une minute à l’autre, Butterfly peut arriver, et c’est une sale rosse, curieuse comme une chatte ; puis elle est de la bourgeoisie, elle ; elle n’a pas besoin d’apprendre que je suis d’une famille de crève-la- faim, n’est-ce pas ?

— D’autant qu’on te croirait plutôt nés chez des princes, Ninette, ajouta le grand Solème.

— Je comprends, répondit-elle de bonne foi.

— Écoute, Ninette, dit Muzard, viens demain matin entre onze heures et midi, mais n’en prends pas l’habitude, et surtout que ta visite ne traîne pas, car j’ai à faire.

Puis se tournant vers son ami :

— M’accompagnes-tu ? Solème. Je rentre à pied. Il habitait rue de Seine, Solème, boulevard Saint-Germain.

Une dernière fois, avant de s’engager dans la rue de la Paix, ils se retournèrent vers la place un peu calmée, à cette heure, assagie, parcourue seulement par les premières voitures roulant vers les théâtres du boulevard, et par le passage moins