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Page:Yver - Le Vote des femmes.djvu/39

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madame Legrand-Maillard ; mais sa phrase tombait dans un puits de silence, ce qui excitait encore sa curiosité, car le bruit avait couru à Rennes des visites bien fréquentes que, vers 1924, la pauvre morte aurait reçues du bel Hubert de Pancé, l’ancien secrétaire de son mari.

En d’autres occurrences, elle s’y prenait autrement :

— Il faudrait vous marier. Vous êtes triste. Asch et ses bruyères vous rendront neurasthénique.

— Mais il n’y a plus de bruyères chez moi, chère amie. J’ai tout arraché.

— Raison de plus, alors ! Voyons, laissez-moi vous confesser. Est-ce que l’idée d’une ravissante enfant vivant à vos côtés.

Et le lendemain, en venant à table, il trouvait dans la salle à manger une « ravissante enfant ». « Ma jeune voisine des Palmiers », expliquait madame Legrand-Maillard après avoir présenté Hubert comme le descendant d’une vieille lignée bretonne, fou de l’aventure et des grandes entreprises, qui ne visait à rien moins qu’à bouleverser le sol belge tout entier. Hubert la laissait aller, amplifier, dénaturer la vérité, charmé qu’on brouillât son vrai portrait et de pouvoir, grâce à cet écran, descendre dans son château secret qu’un seul être et lui-même avaient jamais connu,