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LES CERVELINES


I

— Qui est-ce, ces deux petites femmes que tu viens de saluer, Tisserel ?

Elles avaient passé d’un marcher ferme et droit sur l’asphalte du trottoir où s’allongeait la terrasse du grand café de Briois. Il faisait déjà presque nuit ; elles avaient passé dans la lumière bleue que, le long du quai de la grande ville, les cafés projetaient. L’une, de haute taille, blonde, enveloppée d’une cape blonde comme ses cheveux ; l’autre, frêle, vêtue de noir, portant en arrière de ses bandeaux bruns un canotier uni, comme les saints leur nimbe.

Elles avaient passé vite sous les regards oisifs des consommateurs ; mais Tisserel, « le médecin joyeux et poli » comme l’appelaient ses amis, le jeune docteur Tisserel qui fumait là, devant son bock, en compagnie d’un camarade, les avait reconnues et saluées.

— Ce sont deux jeunes filles, répondit-il. La petite brune, c’est Marceline Rhonans. Tu sais bien, Marceline Rhonans dont tout le monde parle à Briois. Son amie, la grande blonde qui