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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/183

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— Vous souffrez…

Elle le regardait, stupéfaite.

— Je souffre ?

— Ne cherchez plus à me tromper ; je vous ai vue hier soir ; je ne l’oublierai jamais. J’ai été coupable envers vous, j’aurais dû intervenir plus tôt, vous défendre. Mais ils n’auront rien perdu pour avoir attendu ; la leçon va être dure, il y aura un coup de théâtre.

Il s’arrêta une seconde, pour savourer l’impression de Jeanne, et il articula, dans un air indicible de triomphe :

— Captal d’Ouglas est renvoyé.

Il fouilla dans sa poche pour en retirer le collier rouge.

— Tenez, là, êtes-vous contente ?

Et il riait comme un enfant, sans voir la stupeur de Jeanne.

— Dites-moi, ai-je bien employé ma matinée ? Voir d’Ouglas, parlementer, reprendre le collier, voir Le Hêtrais, parlementer, obtenir le renvoi de ce vilain individu. Je vous affirme que l’affaire a été dure, j’ai dû faire courbette sur courbette, mais je m’en moque si vous êtes heureuse maintenant.

Elle répéta :

— Captal d’Ouglas renvoyé !

Il amena doucement à lui une chaise, s’assit à ses côtés, et, sans la regarder, les yeux obstinément fixés à l’encrier de la table, il se remit à parler.

— Comprenez-vous le sens de tout cela ? Vous sentirez-vous moins seule désormais ici ? Saurez-vous enfin que vous y avez un ami, un grand