Page:Yver - Les Cervelines.djvu/186

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XIII

Par une affreuse bourrasque de novembre, sa carte de livres sous le bras, protégeant à grand’peine sa jupe des plaques de boue du trottoir, Marceline Rhonans sortait du lycée et cheminait sous les platanes dénudés du boulevard. Il faisait nuit à demi ; elle se hâtait, toujours pressée, ayant rempli sa vie presque démesurément de travail. Le temps était froid et humide ; elle voyait de loin apparaître sa petite maison ; il y aurait du feu, la lampe, le silence, les livres ; cette soirée lui semblait, dans ce tranquille chez-elle, infiniment plaisante et désirable. Le dessin aérien des ramures sèches s’allongeait avec le boulevard, devenant dans le lointain touffu, massif et noir.

— Un monsieur attend Mademoiselle au salon, lui dit la servante quand elle entra.

Marceline, surprise, nomma plusieurs de ses élèves ; ce n’était aucun d’eux. Elle monta et reconnut, dans un coin du salon peu éclairé, Jean Cécile.

— Pardonnez-moi, lui dit-il, pendant qu’elle allumait elle-même des lampes et qu’elle faisait flamber au feu de nouvelles bûches, pardonnez-