Page:Yver - Les Cervelines.djvu/25

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extraordinaire cette sortie de son ami qui lui dit :

— Tu deviens tragique. Tu leur en veux donc beaucoup, à ces pauvres femmes savantes ? Si tu connaissais Jeanne Bœrk, je t’assure…

— Mais je voudrais la connaître : elles m’intéressent toutes, et celle-là plus que les autres. Invite-moi donc un matin dans ton service sous un prétexte quelconque, je la verrai.

— Viens demain si tu veux, vers neuf heures, salle 8, au premier, à gauche : les tuberculeuses. Je t’en montrerai une qui fait de la méningite, elle a 43, une résistance de cheval ; il y a longtemps qu’à sa place un homme aurait vu la boîte à dominos. Celle-là a dix-huit ans, elle est renversante, c’est un très joli cas. Je te présenterai à mademoiselle Bœrk ; mais il y en a une autre qui t’intéresserait encore bien plus dans cette catégorie de femmes, c’est son amie Marceline Rhonans. Bonsoir, mon vieux, nous voilà rendus, à demain alors.

— À demain, reprit Cécile, qui leva lentement sur lui, selon sa coutume, ses prunelles pâles dans la nuit.

La maison que les Tisserel habitaient était une bâtisse blanche, carrée, dressée au fond d’un grand jardin, et qui, fort simple, avait, à cause de son toit irrégulier, de ses murs défraichis à point, une certaine vétusté inconfortable et distinguée. On y accédait par un perron sans rampe, trois marches aux arêtes moussues. Les fenêtres étaient très hautes ; il y avait au toit plusieurs girouettes ouvragées. Dans le fond, de grands marronniers. Il y sentait un peu l’avant