Page:Yver - Les Cervelines.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à des études physiologiques bizarres et rares ; c’était un savant raffiné ; il est mort d’une maladie de pauvre, comme un maçon d’un « chaud et froid »… Vous le connaissiez peu, et encore sous un jour mauvais ; vous ne vous étiez pas compris. Je ne vous aurais donc pas appris ce triste événement, sans la circonstance qui, du fait de cette mort, rend libre notre gentille amie la petite Blanche. Elle n’est pas mariée ; vous lui plaisiez beaucoup ; et sa mère m’a confié qu’elle regrettait toujours le gendre que vous eussiez été ; c’est à quoi il faut attribuer, je crois, que cette charmante fille ait repoussé depuis tous les partis. Ce pauvre Bassaing craignait que vous ne fussiez pas assez riche et assez brillant pour sa fille. Assez brillant surtout. Moi je sais que vous le deviendrez à Paris, et riche par-dessus le marché. Voyez donc si vous avez à tourner une seconde fois votre voile de ce côté. Si vous demandez Blanche maintenant, je puis vous dire que vous êtes sûr de l’obtenir. »

Jean eut un certain plaisir à relire deux fois cette lettre ; il revit soudain la robe grise svelte, comme garnie d’argent avec le satin, et sous les cheveux pâles, sous les cils blonds et longs, le regard délicat de myope. Il s’attendrit, prononça : « Pauvre petite ! » Il la revit au piano, chez les Ponard, lui souriant. Il refit en pensée son voyage de retour, quand, sous le coup du refus, il revenait à Briois si triste. Il évoqua les paysages de septembre qui de droite et de gauche fuyaient loin du train, noyés de brumes et jaunissants, et son découragement en débarquant à la gare de Briois, jusqu’au moment où il avait vu glisser devant lui