Page:Yver - Les Cervelines.djvu/31

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— Pour madame Lebrun ? Oui, c’est moi, répondit Cécile troublé.

Aussitôt, ses pieds se sentirent calfeutrés dans une laine touffue de tapis. Il traversa une anti-chambre surchargée de fleurs, de rosés surtout, qui s’effeuillaient par paquets sur les tables cirées ; puis un salon petit, resserré, habillé d’étoffes si claires qu’il lui parut tout blanc, à la lampe ; il n’eut pas le temps de voir les fleurs qui se cachaient ici dans les bibelots, mais il en respira les parfums en passant. Des fleurs encore dans une autre pièce semblant une bibliothèque. Les gens d’ici avaient évidemment une passion de bouquets, de parfums, une manie d’amateurs de roses. On était au mois de février, c’était un détail bien significatif de luxe à outrance.

Le domestique qui le précédait frappa à une quatrième porte ; une voix de femme dit d’entrer.

La malade était au fond, couchée dans un lit à quatre colonnes qui ressemblait à un catafalque et qui était visiblement copié sur l’art antique, avec ses enroulements d’étoffe remontant en quatre torsades au baldaquin. Sa tête, sa chevelure blonde de femme jeune, admirablement coiffée, reposait sur un oreiller de dentelle ; des dentelles aussi pendaient aux draps. À son entrée, quand elle bougea, il vit qu’elle portait une chemise de soie à reflets bleus. Son visage un peu bouffi de blonde grasse lui donnait environ trente-cinq ans, mais elle était actuellement vieillie par une expression de souffrance aiguë ; elle devait avoir moins. Elle n’était pas seule ; une vieille paysanne, sa cuisinière apparemment, la gardait.

— Monsieur, dit-elle, avec une concision de