Page:Yver - Les Cervelines.djvu/317

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d’un geste habituel dans la ceinture enroulée autour de soi. Il appartenait bien à ce type sur lequel s’est créé un genre de plaisanterie peu élevé. Le luxe de cette chambre de jeune fille l’intimida autant que l’élégance d’Henriette au lit. Il balbutia :

— Vous… vous avez désiré me voir, mademoiselle ?

Henriette ferma les yeux ; elle le trouvait bien laid ; elle aimait mieux ne pas le voir en l’écoutant. Elle lui dit, aussi haut que sa voix pouvait vibrer encore :

— Monsieur le curé, je vous ai entendu prêcher il y a longtemps, quand j’étais bien portante. Vous parliez des pauvres et des malades, vous paraissiez les aimer tant, qu’en me voyant sur le point de mourir, je me suis souvenue de vous ; je me suis dit que je mourrais mieux, consolée par vous.

Il murmura :

— Ma pauvre petite ! ma pauvre petite fille ! Il n’en put dire davantage. La chair molle de son menton rasé, de ses joues tombantes, s’agitait et tremblait. Il chercha des yeux au mur le crucifix, et il soupira en faisant cette prière, qu’Henriette fine et recueillie surprit sur ses lèvres avec une douceur secrète :

— Seigneur Jésus, si vous m’aviez donné comme à vos apôtres le don de guérir les malades, vaus savez si j’aurais rendu la santé à celle-là ! Mon Dieu, mon Dieu, faire souffrir ce pauvre petit être ! alors qu’allez-vous lui donner après ?

Henriette, sans beaucoup réfléchir, vit bien que celui-là l’aimait d’avance, sans la connaître, seulement parce qu’elle souffrait et qu’il s’était fait