Page:Yver - Les Cervelines.djvu/33

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Elle lui racontait, sans un seul détail intempestif, comment elle était tombée en sautant de voiture, le diagnostic de Ponard, ce qu’il avait prescrit ou prévu. Elle ne poussa pas un cri quand il palpa les os brisés ; elle cessa seulement de parler, épuisée par ce qu’elle souffrait.

La vieille servante le conduisit dans la pièce contiguë, qui était le cabinet de toilette où il pourrait purifier sa trousse. À onze heures, un premier pansement ayant été fait, la jeune femme sonna, et le domestique apporta sur un guéridon un goûter servi, du bouillon, des vins, des biscuits. Cécile refusa. Il lui eût été odieux de manger près du lit où souffrait cette belle créature. Depuis son arrivée, ils n’avaient échangé que les mots strictement nécessaires. Il allait falloir causer ; le malheureux se demandait anxieusement de quoi ; mais elle coupa court à ses perplexités. Elle déclara qu’elle allait dormir ; elle priait sa gardienne de conduire Cécile à son cabinet, où il serait confortablement avec quelques livres, dont certains pourraient lui plaire.

Ainsi, elle trouvait indiscret qu’il connût même son sommeil ; elle l’écartait ; elle avait toutes les délicatesses voulues : s’était-il donc trompé, et cet intérieur odoriférant de femme jeune et isolée n’était-il pas le logis qu’il paraissait ? D’ailleurs, tout y était admirablement correct et d’air honnête. La vieille servante était la parente ou la mère du valet de chambre ; elle n’avait pas quitté d’une seconde sa maîtresse, et elle gardait à son égard cette sincérité dans le respect que donne aux gens de service l’estime.

La proximité de la gare du Havre mettait dans