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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/72

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III

C’était un soir de dimanche. Figée et silencieuse, la ville vide s’endormait dans un grand ennui. De-ci de-là, aux abords des églises, les fins d’offices laissaient un fourmillement de fidèles se répandre, se diluer dans les rues ; puis tout s’évanouissait, et les rues reprenaient leur couleur terne, tandis que les clochers, où des bourdons s’attardaient encore à de lentes volées, recevaient là-haut les rouges dorures du soleil sur la pierre. La ville était grise, mais tout alentour il faisait beau, et les collines qui l’enserraient, où l’on voyait grouiller les promeneurs comme de petits insectes noirs, les collines se coloraient d’un beau vert lumineux sous le bleu du ciel limpide.

Le dimanche, dans Briois, rien n’était plus morne que les deux hôpitaux. L’Hôtel-Dieu surtout. Les sycomores de la cour d’honneur étaient plus roussis, plus poudreux ; les bâtisses aux longues rangées de fenêtres passaient au gris foncé et fumeux. Tout l’aspect du monument s’attristait ce jour-là d’un manque d’allégresse, c’était comme le spleen des malades, de tous les