Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/138

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deux bêtes fines, fringantes sous leurs gourmettes.

Frédéric fit un travail sérieux. Il calcula sur le trajet de l’usine, sur le trajet de Rodan, sur le trajet du Havre, les heures, les minutes, les secondes qu’on pouvait récupérer dans un semestre, grâce à l’auto, et il dit à M. Martin d’Oyse :

— Nous avons des capitaux, et c’est une valeur extensible, reproductible. Le temps, lui, est une valeur qui ne reproduit pas. C’est pourquoi il faut dépenser l’argent et économiser le temps. Vous, vous faites le contraire : vous gaspillez le temps, qui tombe au gouffre, et vous retenez systématiquement l’argent qui se féconderait du fait même d’être semé. Voilà votre grande faute.

— Il y a des valeurs spirituelles aussi, hasarda M. Martin d’Oyse, timide.

— Oui, mais en ce moment nous faisons des affaires, et il faut vendre la calèche qui vous fait perdre du temps.

Un carrossier de Rodan vint l’apprécier. Là-dessus, la plus élégante machine, vernissée, polie comme un miroir, légère, bien suspendue, capitonnée de gris-perle et fournie d’un des plus récents moteurs, arriva