Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la vie telle qu’elle est dans sa réalité présente, c’est-à-dire dans sa seule réalité qui est le fait de chaque jour.

— Vous aussi, Cécile, vous êtes intelligente.

Vous croyez, Samuel ? fit-elle, naïvement épanouie. Mon mari, lui, n’a pas l’air de le penser. Quand je lui dis ce que je viens de vous déclarer là, que rien d’autre ne vaut que ce qui promet directement rapport ou jouissance, et que les illusions sont des faiblesses, il rit, il m’embrasse, il murmure pour lui-même que je n’entendrai jamais un mot aux spiritualités de la race, au domaine de la pensée pure, et à l’idéal désintéressé. Il me trouve une petite fille.

— C’est-à-dire que vous êtes clairvoyante et raisonnable, dit Samuel avec admiration.

Elle était sérieuse, rengorgée dans son léger embonpoint comme une jolie tourterelle. Samuel regardait la nacre de son cou sous les frisons de ses cheveux, et il eut soudain cette physionomie qu’on lui avait déjà fugitivement vue, le jour où, allongé par terre sous la machine à vapeur, noir de graisse et de suie, il avait reçu, en un choc, la vision rose de Cécile.