Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/163

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malgré ses soixante-seize ans, c’est mon père seul, maintenant dans sa minoterie, c’est enfin Samuel et Frédéric. Je suis leur but. Il faut que je devienne la grosse dot dont on parle. Jamais assez, voilà leur mot, à mqs frères, quand il s’agit de moi. Pour entasser un million de plus sur mes épaules, vous les feriez trimer la nuit comme le jour. Vous verrez : ils ne se marieront que quand ils m’auront dotée comme une impératrice. Oui, je serai mademoiselle Crésus ; et puis après ?

Chouchou tremblant la scrutait de ses yeux dévorateurs. Elle était debout devant lui, les pieds dans la mousse, longue, frêle de hanches, avec un regard de diamant sans feux. Elle ne se doutait pas qu’avec la férocité instinctive de l’homme qui aime sans mesure, il l’analysait, pesait ses paroles, jugeait cette cohésion qui l’unissait à l’argent au point de l’en faire se vanter comme d’un avantage physique. L’argent faisait corps avec elle. Il lui était plus intime que la ligne charmante de ses dix-sept ans, plus familier que ces sciences dont elle se nourrissait avec tant de fierté. Philippe était devenu sévère, car l’amour, quoi qu’on ait