Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/164

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dit, n’est point aveugle. Lui seul voit clair, bien plutôt. Le jeune homme renchérit d’orgueil pour dire âprement :

— Moi, je suis un pauvre diable. Je ne vaux pas le libre aviateur qui pique droit où il veut. Je ne choisis ni mon appareil, ni ma route. Je suis le faucon apprivoisé que mon patron lance où bon lui semble. J’essaie tantôt un moteur, et tantôt un autre. Un petit employé, vous comprenez, Fanchette, un rien du tout, Martin d’Oyse sans le sou.

Elle l’écrasa d’un mot souverain :

— Qu’est-ce que cela fait, Philippe, si vous me plaisez ainsi ?

— Mais moi, Fanchette, je me déplairais à moi-même…

Elle reprit :

— D’abord vous ne serez pas si dépourvu. Mes frères me l’ont dit hier soir : l’usine de votre père est en train de doubler sa production. Évidemment il n’y fallait que des capitaux, et le tour de main de Sam et de Freddy. Bientôt vous serez riche, Philippe. Connaissez-vous leur projet, à mes frères ? Non. Eh bien, ils m’ont confié cela hier soir. Ils vont construire. La filature va devenir gran-